Chapitre CXII.
Lorsque le méchant osdigan vit cette vigoureuse résistance, il fut comme honteux et comme méprisé par ceux qu'il avait toujours vus à ses pieds. Il méditait secrètement la vengeance ; il était furieux, il murmurait, il se portait rapidement de tous les côtés, et il réunissait auprès de lui une grande quantité de troupes de sa nation ; puis il se mit en marche et s'avança du côté de Margasdan, dans la province de Dosb ; les chefs, enflammés de fureur, voulaient égorger, déchirer, briser, battre, tuer, renverser, faire périr, et enfin passer au fil de l'épée tout le peuple, toutes les races et toutes les familles. A la vue de cette effroyable multitude de troupes arabes, on se rassembla pour se défendre et on montra de la résolution ; malheureusement quelques lâches, qui étaient fatigués de combattre et qui ne voulaient pas qu'on marchât à la rencontre de l'ennemi, entravèrent tout. On se porta cependant en avant, mais on ne put achever le mouvement, ni décider les récalcitrants à attaquer les Arabes. Après cet incident, les nôtres se mirent en marche et s'avancèrent au pas de course. Dans toutes leurs démarches, ils employèrent l'adresse et la prudence ; puis, se tant tous revêtus de leurs habits de guerre et ayant pris leurs armes et leurs ornements, ils sortirent, soit des forts bâtis au pied des montagnes, soit des vallées profondes, soit des forts de pierre, et se répandirent de tous les côtés. Ils marchaient avec célérité et rapidité, poursuivaient l'ennemi, allaient sur ses derrières, et s'emparaient de ses vivres ; c'étaient des flots qui se succédaient ; ils couraient à l'aventure dans toutes les directions ; ils étaient, selon les expressions de Salomon, comme les troupeaux de chèvres sauvages, qui courent et qui errent sur la montagne de Pertela ; mais ils ne purent soutenir les efforts des ennemis, ni terminer leur entreprise d'une manière conforme à leurs désirs. Ensuite, pendant deux mois, ils furent comme retenus ou aveuglés par la diversité des jugements et des avis. Ils avancèrent enfin, laissèrent l'ennemi loin d'eux, et, avec la permission de Dieu, allèrent par le côté méridional de la province de Rhodog (Rhodak), à Her, à Selmas (Saghamas), et de là dans les villes de l'Azerbaïdjan.
