Chapitre LXVIII.
Le roi Sempad voyait les maux et la perte des chrétiens ; tous ces tristes objets étaient sous ses yeux et semblaient être pour lui des bourreaux qui le tourmentaient ; la mort de son corps devint le but vers lequel tendaient ses pensées. Il jugeait son âme avec la plus grande sévérité ; il songeait à sauver les âmes des autres, et il dédaignait son propre salut, selon la parole du prophète Job (Jouep), qui disait au Seigneur : Il est convenable que moi seul je meure et que tout le peuple ne périsse pas, et selon cet axiome d'Eléazar (Ieghiazar), qu'il est bien meilleur de mourir avec courage que de vivre avec opprobre Il demanda un redoutable serment à l'osdigan, promettant après cela d'aller le trouver à condition qu'il sauverait des horreurs d'une mort cruelle la totalité de la population chrétienne, tous ceux qui étaient renfermés avec lui dans le fort, et, outre cela, tous les guerriers chrétiens qui se trouvaient au pouvoir des Arabes.
