Chapitre CXLIV.
Aschod voyait les horribles malheurs et les troubles affreux qui s'étaient répandus sur le pays soumis à sa domination et qui le couvraient. Sans connaître la supériorité numérique de l'armée de l'ischkhan, sans considérer la faiblesse de ses propres troupes, il se mit en marche et alla au-devant des ennemis, qui étaient campés et avaient pris position dans une gorge fermée par une petite montagne, du côté occidental de la vallée de Daschir. Indécis sur le moyen de les attaquer avec succès et de leur dresser des pièges, le roi trouva une colline qu'il environna d'une fortification en pierres, et là il campa un jour entier et toute la nuit. Puis il envoya, par l'un des évêques (qui étaient avec lui), un message à l’ischkhan Isaac (Sahak), et il lui disait dans ce message : Comment ! méchant, tu veux opiniâtrement me faire du mal ? Au lieu de te conduire ainsi, pourquoi ne fais-tu pas ce qui est digne de toi ? Pourquoi te rends-tu coupable des mauvaises actions et des désordres que je te vois commettre ? Pourquoi, après le serment que tu as fait, me causes-tu du chagrin ? Pourquoi enfin veux-tu aujourd'hui t'efforcer en vain de verser mon sang sans aucun motif raisonnable ? Laisse-là ta colère, reviens à de meilleurs sentiments, abandonne tes inutiles projets de perfidie et de méchanceté ; remets-moi seulement les deux forts que tu as enlevés, et retourne tranquillement dans ton pays. Alors la paix et l'union subsisteront entre nous comme entre un père affectionné et un fils bien aimé.
