Chapitre L.
Tandis que la coupable arrogance de l'osdigan s'exerçait ainsi contre moi, le marzban des Arméniens, Gourgen, frère du roi Gagig, partit (pour la Perse), et arriva auprès de Youssouf avec force et rapidité, comme un oiseau léger. Cet homme, d'un esprit borné et insensé, invita l’osdigan à se mettre en marche et à entrer dans notre pays. Il se l’attacha à force d'adulations et lui offrit des présents. Youssouf reçut ces hommages comme des engagements d'honneur contractés envers lui Lorsque le prince s'en retourna, quelqu'un fut envoyé de la part de l'osdigan pour inviter le frère de Gourgen à se rendre auprès de lui.
Au bout de quelques mois, le roi Gagig se mit en route selon sa promesse ; il acheva ce qu'il avait à faire et puis paya ce qu'il devait pour un tribut de fidélité, d'après un arrangement et un accord qui avaient été conclus entre lui et l'osdigan. Après cela il offrit en présent à ce dernier une très grande quantité de ceintures. Toutes leurs lettres étaient remplies de conseils qu'ils se donnaient réciproquement sur ce qui était parvenu à leur connaissance, afin de disposer et arranger tout ce qui était nécessaire pour entrer en Arménie et pour se venger complètement du roi Sempad. Youssouf ne songeait qu'à mettre le feu partout où il pourrait trouver des matières combustibles, qu'à consumer inhumainement par les flammes et à détruire. Il couronna une seconde fois Gagig avec une couronne (royale), et le fit approcher de sa personne en lui rendant des honneurs remarquable. Le roi Gagig s'en retourna ensuite et se prépara à être lui-même le précurseur de l'arrivée de l'osdigan en Arménie.
Quant à moi, par un motif purement humain, j'allai me placer sur le passage du roi Gagig, espérant par là le porter à me tirer des fers ; mais parce que j'étais considéré comme un otage chrétien, on ne m'accorda pas ce que je désirais, et à cause de mes péchés, on me retint méchamment prisonnier.
