Chapitre CLVIII.
Un des conseillers de la cour du roi, qu'on appelait dans leur langue Monos (Mouenoues), tint conseil avec l'amirabied, et défendit avec beaucoup d'adresse Youssouf, osdigan des Persans, des Arméniens, des Ibériens et des Albaniens, qui avait été fait prisonnier. Il engageait l'amirabied à délivrer cet osdigan de la prison et de la captivité où il était pour le rétablir dans son premier gouvernement, parce que, disait-il, c'est un homme actif, vaillant, prudent, et terrible pour ceux qui l'entendent et l'écoutent ; son instruction le rend supérieur à tout le monde pour vous donner des conseils ; quoiqu'il ait péché, il ne se révoltera pas de nouveau,1 et par lui vous pourrez plus facilement arrêter les mouvements et les rébellions des ennemis dans les pays placés sous son administration. Lorsque l'amirabied fut apaisé, il donna l'ordre de délivrer l'osdigan et de l'envoyer avec une armée dans son premier gouvernement. C'est ainsi que Monos fit choisir Youssouf, parce qu'ils étaient tous deux du même sentiment, du même avis, et qu'ils avaient les mêmes desseins ; l'osdigan l'aidait d'ailleurs à répandre sur ses ennemis le poison de l'amertume de ses vengeances.
La révolte de l'osdigan Youssouf contre le khalife Moktader-Billah éclata en 922. ↩
