Chapitre XIV.
Le grand sbarabied Sempad, enflammé par la vérité, résista vaillamment au mensonge. Jamais il ne s'était révolté contre les ordres du clergé et des fidèles attachés à Jésus-Christ ; toujours il avait eu l'espoir d'obtenir la vie éternelle. Il préférait de beaucoup mourir pour Jésus-Christ, au lieu de jouir long temps de la vie au milieu des péchés. Il se refusa constamment aux ordres qu'on lui donna pour abandonner tout à fait la foi chrétienne et renoncer à la faveur divine du baptême. Enfin on lui promit les plus grands présents s'il voulait embrasser la religion étrangère de l'impiété. On lui fit de semblables propositions, non seulement une fois ou deux, mais à plusieurs reprises, et toujours il donna avec courage des réponses négatives. Comme tout cela ne satisfaisait pas les désirs des infidèles, ils pensèrent dompter son esprit dépourvu de fraude, mais en déployant l'appareil des tourments. Par la faveur divine Sempad choisit la mort corporelle pour se délivrer de la mort éternelle de l'âme et mourir pour la foi. Il ne voulut pas se souiller en reniant la sainte religion de Jésus-Christ, et il fit le sacrifice de son corps.1 Son martyre obtint un superbe panégyrique ; tous les ordres des prêtres et des chanteurs chrétiens enlevèrent son corps ; on raccompagna avec des cantiques spirituels, et on l'enterra dans le tombeau du prophète Daniel qui avait été jeté dans la fosse aux lions. Après lui son fils Aschod hérita de sa grande souveraineté.
Quant aux autres ischkhans, il y en eut plusieurs qui restèrent fidèles et qui répondirent à l'appel de Dieu ; mais quelques-uns ne se révoltèrent pas contre la loi impie de Mahomet, parce qu'ils furent épouvantés et effrayés par la crainte d'une mort prompte ; il ne leur vint pas dans l'esprit de mériter une mort immortelle ; ils ne se rappelèrent pas assez promptement ces terribles et éternelles paroles du sauveur Jésus-Christ, qui avaient été prononcées devant le redoutable tribunal : Celui qui me renient devant les hommes, moi je le renierai devant mon père, qui est aux cieux. Seulement Etienne, qu'on appelait Kouen dans le langage vulgaire, et qui avait été amené chargé de fers à la cour par Bougha, confessa le nom de Jésus-Christ au milieu des nombreux supplices par lesquels il fut éprouvé et tourmenté avec les autres nakharars arméniens. Il fut couronné par la lumière du père, et son nom écrit dans le livre de vie. Il mourut l'an 608 de l'ère des Romains.
Sempad mourut martyr de la foi, en 856. ↩
