Chapitre CXXI.
Lorsque le sbarabied Aschod arriva, il trouva tout son pays dans l'agitation. Il vit ses sujets vendus dans les marchés ou couchés comme morts et abandonnés de côté et d'autre, ou dispersés par les nations étrangères ; son habitation chérie avait été dévastée, pillée et ravagée par le fils de roi Aschod et par les troupes romaines, ainsi que toutes ses autres maisons de plaisance et tous ses bourgs. Les deux Aschod se conduisirent l'un envers l'autre comme des ennemis étrangers, et se livrèrent un grand nombre de combats ; dans ces combats et dans tous les engagements, ils se comportaient avec une grande valeur. Comme ils se voyaient tous les deux revêtus du titre de roi, ils étaient animés d'une violente haine en combattant l'un contre l'autre. C'était pour la même raison que, dans leurs demandes réciproques, ils se conduisaient très mal et avec arrogance. Dans ce temps, le grand ischkhan de Siounie, Sempad, se rendit du pays de Vasbouragan auprès d'Aschod, fils de roi, qui, après l'avoir reçu avec beaucoup de marques d'honneurs et avec une amitié sincère, l'éleva au plus haut degré d'honneur et de gloire. Le grand prince arménien, Vasag, frère cadet de l'ischkhan Grégoire, s’y rendit aussi, fut reçu avec les mêmes distinctions, avec les mêmes honneurs, et fut élevé au même degré de gloire. Sur ces entrefaites, l'inimitié subsistante entre les deux princes du nom d'Aschod, qui portaient l'un et l'autre le titre de roi, devint encore plus violente qu'elle ne l’était déjà.
