Chapitre CL.
Quelque temps après se manifesta ouvertement la révolte du k'hananid Vasag Genthounien, à qui avait été confiée la garde du grand fort de Schamschoulde : il sortit de ce lieu pour penser à sa trahison, et cessant d'être fidèle à Aschod, qu'on appelait schahanschah, il se donna à Gourgen, ischkhan d'Ibérie. Il offrit de lui livrer Schamschoulde, et il ne lui livra cependant que le territoire qui en dépendait. Il voulait garder pour lui le fort ; mais Gourgen en réclama la possession, et l'affaire fut promptement terminée, car Vasag fit ensuite à l’ischkhan le serment de lui remettre la place. Quand la fidèle parole du serment eut été prononcée, il sortit du fort, se mit en marche et alla vers l'ischkhan Gourgen. Avant ce temps, Aschod, frère de Vasag, avait été tué par les troupes du pays de Vouri. Comme Gourgen avait élevé les deux frères dès leur enfance, Vasag ne fit pas difficulté de lui livrer Schamschoulde et d'aller auprès de lui. Après qu'il eut joint l'ischkhan, celui-ci retourna avec lui sur ses pas et le conduisit à la porte du fort qu'il avait demandé que Vasag lui remît La garnison ne voulut pas livrer Schamschoulde avant que Vasag n'y fut rentré ; alors l'ischkhan fit ses dispositions pour attaquer les guerriers de la forteresse. Ceux-ci en donnèrent promptement avis au schahanschah, qui se mit avec célérité en marche et s'occupa sérieusement de cette affaire. Lorsque ce prince arriva auprès de Schamschoulde, Gourgen fut repoussé bien loin des portes du fort ; mais les soldats qui étaient dans la place ne voulurent pas la remettre à Aschod tant qu'ils n'auraient pas Vasag avec eux. Alors le roi entoura et assiégea cette forteresse. Tandis qu'il attendait une occasion favorable pour la prendre Gourgen, à force de serments, étant parvenu à persuader aux guerriers de la garnison qu'il leur donnerait Vasag, ceux-ci prièrent l'ischkhan de leur envoyer son armée et promirent de lui livrer le fort. L'ischkhan, en conséquence, fit partir trois cents hommes vaillants, armés de flèches, d'épées et de boucliers. Lorsqu'ils s'approchèrent de Schamschoulde, ceux qui étaient en bas leur ayant ouvert secrètement la porte du fort, ils y entrèrent tous ensemble. Mais les guerriers de la garnison, pensant que c'était une trahison horrible, une perfidie, ou un lâche stratagème, tuèrent ceux qui s'avancèrent et remplirent de leurs cadavres le fort inférieur ; après quoi ils se rassemblèrent dans le fort supérieur en un seul corps, livrèrent un violent combat aux troupes de Gourgen, et parvinrent à les chasser de la place.
