Chapitre LXXXIII.
Le méchant osdigan, en voyant cette vigoureuse résistance dans tous les gouvernements, sentit s'élever au fond de son cœur le plus violent emportement, et versa rapidement ses poisons sur les lieux rebelles. Ensuite, s'étant mis à les attaquer, il s'avança, accompagné de chacun des gouverneurs étrangers, auxquels il donna des destinations particulières ; les paysans et ceux qui ne l'étaient pas furent mis en fuite par eux, jusqu'à ce que quelques-uns des nôtres ayant un peu repris leurs esprits, tentèrent de se délivrer par la force et par l'épée, en remplissant tout de sang. Comme l'habitude des péchés augmenta chez tout le monde, nous fumes toujours attaqués par la mort. Les grandes plaines, les montagnes, les déserts, les éminences des rochers, les forts renfermaient les uns ; les autres étaient dans la confusion, sans vêtements, les fesses et les parties naturelles nues, errants et tourmentés par la faim, la soif et la fatigue ; ils allaient de côté et d'autre dans les montagnes et dans les plaines. Quelques-uns, pendant l'hiver, surpris par un froid violent et par la neige, perdirent leurs membres et moururent. D'autres, dans l'été, furent brûlés par l'extrême intensité de la chaleur. Affaiblis, ils prenaient promptement la fuite ; mais ils tombaient entre les mains de leurs cruels ennemis, qui les dispersaient sans miséricorde par l’épée, et remplissaient de sang toute la surface de la terre. Plusieurs d'entre eux, comme des animaux sans raison, étaient emmenés en esclavage. Beaucoup d'hommes distingués, de femmes et de tendres enfants furent entraînés comme des agneaux au milieu des loups, et massacrés. Cependant quelques-uns, pour lesquels on offrit de donner une rançon, furent rachetés et menés hors du pays. Mais on contraignit par la force tout le monde de se séparer ; le fils abandonna son père, le frère son frère, la femme son mari, les pères leurs jeunes enfants, les nourrices leurs nourrissons, et les mères leurs enfants. On voyait partout un peuple en deuil et poussant des gémissements lamentables ; on voyait des pleurs amers, une tristesse accablante, le froncement des sourcils, la terreur de l’âme, les palpitations du cœur, les cris de la douleur, le déchirement du visage et la chute des cheveux.
