Chapitre XV.
Tout ce que je vais raconter actuellement vous paraîtra peut-être bien faible, en comparaison, des discours des anciens et des superbes écrits qui vous ont été présentés. Mais peut-être que ce que je dirai vous plaira encore, même après les paroles de Schapour (Schabouèh) Pagratide, l'historien de notre temps qui a raconté d'une manière admirable et dans l’ordre qui leur convient les belles actions du règne d'Aschod, fils du sbarabied Sempad ; l'histoire de son empire et des rois, l'histoire des nakharars et des ischkhans arméniens faits prisonniers par Boucha dans leurs propres principautés. Il a rapporté aussi comment ils furent emmenés, comment ils vécurent, comment ils avaient été établis princes ; quels sont ceux des ischkhans qui étaient nobles, riches, et qui combattirent avec Sempad contre les ennemis de la foi ; quels sont ceux enfin qui se conduisirent en tyrans, et quelle fut la mort de chacun d'eux. Au reste il montre évidemment, par le style et la distribution totale de son ouvrage, qu'il n'avait pas fait des études littéraires assez profondes pour présenter des résumés historiques ; c'est pourquoi il se borne à rapporter tous les événements selon l'ordre du temps où ils sont arrivés. Toutes ses narrations sont écrites en style vulgaire. Je vous ai donné assez de preuves de la connaissance qu'il avait des faits. Je vais maintenait, moi, raconter ce qu'il a négligé et ce qu'il me paraît aujourd'hui nécessaire de mettre dans le récit de l'histoire. Je rappellerai en peu de mots et brièvement, avec ordre et méthode, ce qui a déjà été dit d'Aschod, fils du sbarabied Sempad, depuis son enfance jusqu'à la vigueur de sa jeunesse, ainsi que les actes de courage et de vaillance, les combats et les ravages qui marquent sa vie et celle de quelques autres princes. Je vous les ferai connaître d'une manière suffisante, d'après les récits de Schahpour.
