Chapitre CLXXXI.
Parmi les habitants du fort il y avait des infidèles qui étaient occupés aux travaux du labourage, et qui nous payaient tribut. Lorsqu'ils virent la conduite des Arabes, ils se rassemblèrent dans une plaine, et élevant la voix vers nos ennemis, ils dirent dans leur langue : Nous sommes du même peuple que vous, nous appartenons à l'apôtre Mohamet. Quand les Arabes entendirent ces mots, ils détournèrent leur épée et ne maltraitèrent aucun des suppliants. Ceux-ci engageaient, par des paroles affectueuses, chacun des fidèles à venir se joindre à eux pour se sauver de l'horrible crainte de la mort. Mais les chrétiens s'éloignaient en disant : Notre vie est Jésus-Christ, et il nous est profitable de mourir. Ainsi aucun d'eux, par amour pour Jésus-Christ, ne put hésiter à se livrer à la soif de l’épée qui respire la mort. Non seulement dans un seul jour, mais encore au même instant, tous ensemble ils accomplirent leur sacrifice, et s'offrirent à Jésus-Christ comme un holocauste qui répand des odeurs très douces.
