Chapitre CLXXXVI.
Lorsque j'arrivai auprès du grand roi Gagig, ce prince, aussi bien que son frère, me-reçut et me traita avec la plus franche et la plus cordiale amitié, avec le langage de la foi la plus ferme, comme la plus illimitée en Dieu, et, enfin, avec les marques de déférence à mon égard les moins équivoques.
Sur ces entrefaites, il parvint au schahanschah Aschod et aux deux frères une lettre qui n'avait pas d'intitulé, et dans laquelle on employait de grandes menaces pour leur inspirer une vive crainte et les vaincre par la terreur. On se flattait, en agissant ainsi, qu'on ferait tomber K'heghai au pouvoir de l'osdigan, et que les habitants du fort se livreraient sans défiance à la mort et aux tourments. En effet, ceux-ci laissèrent malheureusement et sans raison la crainte s'emparer de leur âme ; tout le monde s'en alla, et bientôt Kheghai se trouva évacué. Les soldats et les guerriers arabes s'avancèrent et firent tout ce qui était conforme au désir de leur âme. L'osdigan, après l'espace d'un jour, pensant que le fort avait été abandonné pan la garnison s'en approcha, le prit le plaça sous sa domination sans aucune peine, et gouverna en son propre nom les bourgs, les villages et les territoires des environs.
