Chapitre LXIX.
Le perfide osdigan, adroit comme Satan lorsqu'il trompa Eve (Eva) autrefois, agit à peu près de la même façon. Par le conseil d'un certain homme, il employa toutes les paroles de l'amitié ; il donna au roi des vêtements de soie et or, des ornements magnifiques, et le combla de toutes sortes de marques d'honneur. Il s'efforçait de lui montrer qu'il avait tout à fait renoncé à la perfidie pour se lier d'amitié avec lui par les plus terribles serments. Mais à cause de l'extrême violence de ses passions et de l'amour des richesses qui le tourmentait, il était dans l'inquiétude, parce qu'il voulait conserver le roi, ne pas violer son amitié, et pouvoir cependant s'emparer de sa personne et de ses trésors. Comme un arbre qui porte son fruit, il préparait secrètement ses perfides méchancetés, et il songeait à les faire éclater au moment convenable. Mais le roi se rappelait la perte de son fils, et, avec adresse, il faisait attention à Hout ; il ne se confiait pas à l'osdigan, sachant combien son esprit était rusé ; il était dans l'indécision entre la chute la plus douce et la fin la plus cruelle, à cause de l'artificieux auteur de sa perte ; il alla se cacher dans un petit endroit de la province de Schirag. Pendant qu'il s'y retirait, l'artificieux serpent pensa à son perfide projet. Ce malheur remplissait de larmes le sage Gagig ; il était accablé de honte à cause de ce qu'il avait fait. L'esprit du roi était abattu, et le cœur des ischkhans plongé dans la douleur ; alors, étant monté sur un cheval, Sempad s'enfuit promptement dans son royaume. Cependant l'osdigan voulait régner sur l'Arménie : il pensa qu'il fallait s'y prendre prudemment et trouver un prétexte pour faire périr le roi en éloignant de lui l'amertume des pensées ; dans sa coupable démence il voulait le faire périr de mort violente.
