Chapitre LXVII.
Après cela il ne resta plus aucun moyen de salut dans l'esprit de Sempad ; chacun de ses méchants serviteurs s'en alla où bon lui sembla et tout espoir de secourt de la part des hommes fut enlevé au roi ; il n'eut plus À compter que sur la protection divine Il se dirigea sur le fort de Kabouda,1 situé dans les fentes d'un rocher, dans Eraskhadsor, et il s'y réfugia parce qu'il était imprenable par les hommes ; aussi les Arabes déployèrent-ils les plus grandes forces devant cette place pendant un an. L'ennemi l'investit ensuite et en fit le siège dans les règles, d'après l'ordre du barbare osdigan. On blessa beaucoup de paysans dans le tumulte d'un combat, et on en immola un grand nombre ; comme des bêtes féroces, les assiégeants poussaient des cris et des rugissements effroyables. Les guerriers qui occupaient le fort étaient des hommes choisis, et leur force se trouvait encore bien augmentée par la multitude des machines, des flèches, des arcs et des pierres de fronde dont ils se servaient, et au moyen desquels ils envoyaient fréquemment la mort à ceux qui les assiégeaient. C'est à cause de cela que les Arabes, qui avaient en leur pouvoir beaucoup de chrétiens, les armèrent, et les exposant aux coups des guerriers du fort, cherchèrent un abri derrière leurs rangs.
Saint-Martin, dans ses Mémoires sur l'Arménie (I, 358 et 359), transcrit sous la forme Gaboïd le nom du fort appelé ici Kabouda. Ce fut en 913, selon lui, que le roi Sempad consentit à sortir de la place et à la remettre entre les mains d'Youssouf. ↩
