Chapitre CXXIV.
Quand Vasag et Aschod virent qu'on rassemblait des forces contre eux, que tout leur manquait, que personne ne venait les secourir et que tout était dans le trouble et dans la confusion, ils réunirent avec célérité leurs troupes, et demandèrent secrètement des recours aux cantons qui leur étaient soumis, à leurs alliés, aux garnisons de Tiflis et des gorges du Caucase. Ils formèrent un corps d'à peu près quatre mille hommes armés d'épées, de boucliers, de lances et de javelots, et s'étant avancés contre les troupes royales, ils fondirent inopinément sur elles et les mirent en déroute. Celles-ci, se voyant entourées par une forte cavalerie et une multitude de troupes à pied, levèrent leurs bras au ciel, avec beaucoup de gémissements et de pleurs, pour implorer le secours du seigneur Dieu, qui seul pouvait mettre en fuite ces milliers d'hommes. Après avoir fait le signe de la croix, elles montrèrent une terrible agitation, et s'élançant courageusement contre l'ennemi, en un clin d'œil elles jetèrent le désordre dans les rangs de cette troupe de guerriers. Une multitude de paysans se leva pour se joindre à elles, et avec leur assistance, les quatre mille guerriers qui les avaient attaquées furent défaits, enfoncés et mis en déroute : les uns furent massacrés ou déchirés ; ils périrent par le tranchant du glaive, la pointe des flèches ou le fer des lances ; on fit les autres prisonniers. Parmi ceux qui étaient Sarrasins, les uns furent mis à mort, les autres eurent le nez et les oreilles coupés. Les chrétiens furent épargnés, et après qu'on les eut pillés et dépouillés, on les laissa partir et aller au loin. Enfin il n'échappa presque personne d'entre les attaquants, à l'exception cependant de Vasag, qui s'enfuit avec quelques hommes et se jeta dans le fort de Schamschoulde.
