Chapitre XXI.
Les faibles viennent et s'élèvent au-dessus des ordres du fort lorsqu'ils sont pris par l'amour de l'esprit ; lorsque, comme moi, ils ont eu pour lait, dès l'enfance, les préceptes de Dieu ; qu'ils sont attachés à la religion d'alliance et non à votre apostasie ; que selon Paul (Boghoues), ils sont dignes d'amitié et non de haine, et qu'ils sont en adoration dans le temple de l'humilité. Au reste nous ne nous laisserons pas séduire par cette rébellion ; nous distinguerons les choses vraiment angéliques, et nous laisserons les immenses trésors de la vanité, la parole divine exigeant de nous que nous obéissions plus à Dieu qu'aux hommes. Dans toutes vos lettres et missives il y a des accusations contre le grand patriarche, le vicaire de Jésus-Christ. Mais tandis que la chasuble de sainteté le couvre entièrement ; tandis qu'a été glorieusement établi par la parole de Dieu, et que, par ses mœurs évangéliques, il occupe la place de Dieu, (c'est ainsi que je le désignerai toujours), vous, par votre dureté, votre arrogance, votre ignorance et votre mauvaise conduite, vous aves encouru l'anathème ; et moi, je prononce anathème contre votre arrogance. Je sois caution devant Dieu de l'extrême bonté du grand patriarche, et de l'exactitude avec laquelle il a rempli les devoirs prescrits par les saintes écritures, tandis que nous sommes tombés très promptement ; mais, au reste, pendant que les instants de la jeunesse passent, la vieillesse arrive. Quant à moi, je regarde comme vraiment et justement digne de l'anathème la condamnation que vous prononcez. Vous errez beaucoup et vous vous trompez même grossièrement en vous éloignant de lavis des saints pères et vous mettant entre nous et ceux qui admettent le concile de Chalcédoine : c'est pour cela que j'adresse de ferventes prières au ciel ; que je fais pénitence ; que je me prosterne, et que je supplie Dieu avec ardeur de lever mes doutes. Le but de votre lettre ne tend pas à autre chose qu'au péché ; elle vous a été suggérée par la ruse de Satan, qui, dès le commencement, a été la cause de la perte de l'homme ou bien l'assassin de l'âme ; on le voit à la fausseté de vos paroles et à l'esprit d'innovation dans lequel elles ont été écrites ; aussi je m'étonne que vous n'ayez pas encore reçu ce qui vous est dû. Croyez-vous que le Seigneur, mon Dieu, ne connaît pas et n'a pas vu vos innombrables péchés ? Il les connaît comme il connaît le passage d'un serpent sur un chemin ; et un vrai prophète a dit : On examinera l’impiété, et on donnera ce qui sera dû par suite de l’examen. Je sais par le Seigneur qu'il voit vos péchés et vos perfidies ; que vous trouverez la mort, et qu'en détestant vos frères vous serez perpétuellement tourmenté. Tout ce que vous avez dit de l'homme illustre et élevé en dignité est peu redoutable pour lui : ce sont de très grandes calomnies et des injustices complètes. Laissez là toutes vos viles et indignes calomnies. Dites : Je suis un homme pécheur et méchant ; mes iniquités s'élèvent par-dessus ma tête, et j'en suis extrêmement accablé ; je ne puis jalouser la colère du Seigneur Dieu, maître de tout ce qui existe ; sa vue pénétrante traverse la profonde obscurité qui enveloppe le reste des êtres. — J'ai écrit avec beaucoup de larmes et de soupirs qui venaient du cœur, et j'ai écrit d'un seul trait. Dieu vous a montré la trace de la justice pour aller vers lui et pour confondre vos désirs dans le sien. J'ai fait connaître la justice à votre cœur, et je n'ai pas caché ce qu'il était juste d'examiner avec soin, et ce qu'on vous voit faire à votre chef, quoique cela ne convienne pas. Je mourrai ; mon nom et ma mémoire périront sur la face de la terre ; les prunelles de mes yeux seront couvertes d'un nuage, je ne verrai plus la lumière ; mes oreilles seront bouchées, ma bouche sera muette et froide, ma langue sera attachée à mon gosier, et je serai totalement enveloppé par le nuage et l'obscurité des péchés et par le brouillard de la mort, si je pense ou agis mal. Je ne puis voir, entendre ou dire quelque chose d'injuste ou de méchant contre un homme juste dans les temples de Dieu ; je ne puis remuer la langue ni agiter l'extrémité des lèvres. Loin de nous de lever la main contre l'oint de Dieu, de l'exciter par un crime de lèse-majesté, qui serait irrémissible et impardonnable ; loin de moi de pouvoir être l'ennemi, l'antagoniste ou l'adversaire du compagnon de Dieu. Pas une bouche ne s'ouvrirait pour moi sur la terre ; je serais complètement perdu avec la troupe d'Abiram (Apirouen), et je descendrais vivant dans les enfers. A cause de tout cela, je ne puis changer ni par la crainte de l'enfer, ni par les discours de la puissance, ni par la crainte du tribunal. Je ferai couler le sang du cœur de ceux qui s'opposent aux décrets divins et qui se moquent des ana thèmes, et de ceux qui mettent le trouble partout. C’est pour toutes ces raisons que je vous rappellerai les choses qui ont été prescrites par les lois de Dieu, les choses qui sont manifestes aux fils des hommes et celles qui sont les secrets du Seigneur Dieu. Car il a été fixé un jour dans lequel les secrets humains seront au pouvoir de Jésus-Christ. Ne négligez rien, ne juges rien dans votre opinion ; ne vous opposes à rien, par vos discours, jusqu'à ce que le Seigneur vienne et qu'il rende les milieux les secrets de l'obscurité ; alors il nous éprouvera par le feu pour chaque action, parce que les opinions, les manières de voir, les ressemblances, les ombres ne sont que des chimères hors de la vérité et selon la demande de Dieu ; les faux témoignages ne peuvent parvenir à son juste tribunal, parce qu'il a placé deux ou trois témoins de tous les discours. Il paraît tressage et très convenable que ceux qui nous ont pillés soient traités d'une autre façon, et, par métaphore, qu'on les place selon leur rang et qu'on les voie véritablement honorés ; que ceux qui étaient en haut soient en bas ; que les forts soient les faibles. Au reste je prie instamment que l'on n'écoute rien ou que fon demeure dans la sécurité, et que l'on fasse surtout attention aux choses justes, parce que les opinions et les rumeurs des hommes sont semblables à vous ; elles paraissent entièrement affaiblies et détruites par l'abus qu'on en fait. D'ailleurs, quand il arriverait que vous m'appelassiez au patriarcat en conséquence des conseils qui vous auraient été donnés, vous ne faites point la confession de vos péchés. O vous tous qui marchez avec impudence en avant, qui êtes témoins de l'impiété, laisserai-je parier contre l'élu de Dieu ? Par l'ordre du Saint-Esprit, je ne l'abandonnerai pas d'une manière secrète ; je n'userai cependant d'aucune violence envers vous, mais je saurai employer l'aiguillon pour vous piquer et pour vous retirer de Terreur. Il ne faut pas s'éloigner ainsi ; il faut songer aux faveurs divines et à la religion ; nous devons tous penser à l'ischkhan Pagarad et agir comme lui, car nous savons quelle perte attend ceux qui ont failli. L'assemblée que vous avez ordonné de faire n'est pas composée de méchants, de gens pernicieux et d'hommes vindicatifs, comme ceux qui se rassemblèrent avec Anne (Ana) et Caïphe (Kaïapha) à cause du Seigneur ; cependant vous agissez de la même manière qu'eux avec celui que Dieu a sacré et à qui il a donné dès longtemps la direction de son héritage. Faites comme a dit le prophète : rassemblez-vous tous sur la montagne de Sion, les vieillards justes, les prêtres et les prédicateurs ; sanctifiez-vous par le jeûne et les prières, en gémissant et en pleurant ; Dieu alors vous protégera ; il fera pour vous ce qu'il a fait pour les pères de Nicée. Levez-vous et mettez-vous en marche vers le camp de la sainteté ; tenez-vous debout pour le salut, préparez-vous par le jeûne et les prières, prenez pour nourriture le pain de tribulation, buvez l'eau d'affliction, précipitez-vous dans le fleuve des douleurs, jetez-vous par terre. Le saint et éternel médiateur a été éprouvé par beaucoup de pénitences et de gémissements. Ne faites point, selon votre désir, comme ceux qui méprisent Dieu ; soyez lumineux et recommandables pour eux, ainsi que pour tous les autres. Mais moi, je me regarde comme indigne d'entrer dans le conseil des fidèles ou dans rassemblée des justes, que l'on voit toujours occupés à faire de pieux travaux, des prières annuelles, des actes de piété, qui les rendent agréables au Dieu fort et vivant ; mais j'ajoute à cela que Dieu ne se montre ni indulgent ni favorable envers les personnes qui se conduisent avec arrogance et audace. Quant à moi, il me paraît que ceux qui se comportent d'une manière indigne ou qui font le mal devront être éternellement séparés des autres par l'opprobre. Mais ce qui arrive par la langue ne doit certainement causer d'étonnement à personne ; car ce n'est certainement pas une chose nouvelle que de voir la langue devenir l'instrument de tous les maux : c'est un arc courbé, tendu et préparé à lancer la flèche de la curiosité et de la contradiction, et à percer au cœur et tuer les fidèles. Les mauvais génies s'avancent altérés de la gloire du saint, et ils imaginent repousser, par d'adroits artifices, le Fils de l'homme qui est irrité. Ce sont les langues qui ont tourmenté et détruit, comme par le tranchant de l'épée, les prophètes les plus distingués ; ce sont les exhortations des pharisiens et les clameurs des juifs qui ont voulu perdre, pendant et l'éternité des éternités, la parole de Dieu ; c'est par la langue que la frénésie des prêtres a livré des combats à Dieu ; c'est la rage de Judas (Iouta) qui lui a fermé les yeux, et, qui, pour trois deniers d'argent, lui a fait trahir son devoir ; mais les gens prudents et ceux qui sont doués de sagesse savent, comme le Fils de Dieu, ce qui est dû à Dieu et à César, et ils ne trahissent pas le maître pour perdre leurs âmes. Rappelez-vous le martyr Etienne (Sdiep'hannoues), Jacob (Iakop), frère du Seigneur, Narcisse (Narkiésoues) et d'autres : ne trompez pas. On sait bien comte ment font les fils des hommes ; ils calomnient ou par erreur, ou avec intention. Quand une fois leur intention est manifeste, ils soutiennent leurs méchancetés et ils sont témoins du mensonge, parce qu'ils pensent à ce qui peut être ensuite ; ils aiguisent la perfidie comme un rasoir tranchant, et ils préfixent la méchanceté à bonté ; aussi le prophète versa-t-il beaucoup de larmes à cause des encours méchants, pour s'échapper des mains des hommes pervers dont les langues sont aiguisées comme celles des serpents. Les poisons des vipères sont sur leurs lèvres ; j'ajoute même qu'ils sont d'effrontés et d'abominables faux témoins. Ils ne peuvent entrer dans le tribunal des fidèles ; en conséquence, ils éloignent le moment du repentir, parce que le démon abominable a fait une femme adultère qu'il a exposée à l'admiration des hommes, afin de séduire les prêtres et de les empêcher d'être témoins, selon l'ordre des synodes, avant qu'ils aient accompli les saints canons, et qu'ils se soient mortifiés par la pénitence et purifiés pour s'élever aux premières dignités de l'église. Mais les pécheurs ont fait pénitence, par le office et la cendre, dans des dispositions d'esprit et de cœur monastiques, et, avec le temps, ils sont devenus dignes d'être comptés parmi les fidèles. Les respectables et justes évêques qui sont venus de loin et qui n'ont aucun sentiment de haine, les chefs, les saints pères, les grands ne négligeront rien dans leur examen, et seront fidèles en tout. Ils rétabliront dans toute leur gloire la sainte table et le saint siège ; leurs esprits ont été comme enveloppés par le deuil, à cause de la chute de la fiancée qui avait donné sa foi à Jésus-Christ pour entrer dans la sainteté de l'église. Au reste ne soyez pas poussé beaucoup plus par la terreur que. par la justice et l'équité : n'ordonnez rien d'injuste, ne choisissez pas ce qui vous fait plaisir, n'agissez pas avec ruse ; car par la violence et par les désirs pervers de l'esprit, on combat contre Dieu. Je crois que le Seigneur vous donnera du secours si vous êtes préparé à supporter patiemment le tribunal universel. Gloire et honneur soient à Dieu pendant de longs jours !
