Chapitre XXIV.
O vous tous, compagnons du même malheur, qui avez été brisés par la violence et la force de Dieu, je sais que c'est la grande quantité des péchés des hommes qui a allumé sa colère. Je suis soumis avec plaisir à mes maîtres, et j'aime mes frères. C'est parce que vous n'avez pas fait ainsi, que Dieu a ouvert inopinément la porte des larmes, qu'il vous a livrés aux douleurs effroyables de la mort, et qu'il a changé votre joie en deuil. De même que le feu détruit entièrement, et que les bois et les forêts sont abattus par les hommes, rien ne peut défendre contre les ordres suprêmes de Dieu, ni la profondeur et la largeur de la mer, ni la hauteur des montagnes. Il fait paraître l'horrible et amer jour de la destruction, pendant que les hommes sont à des tables splendides et qu'ils portent la nourriture à leurs bouches, qui à l'instant cessent de s'ouvrir et sont la cause d'ace mères et cruelles douleurs. Les mères sont fatiguées de leurs fils ; les souffrances qu'elles éprouvent les forcent à abandonner leurs petits enfants ; leurs maisons deviennent leurs tombeaux ; on enterre dans les temples comme dans les sépulcres. Le malheur se répand partout : les pères, les frères sont tous moissonnés ; les souverains et la multitude des peuples sont enveloppés dans les mêmes filets ; en un seul instant, en un clin d'œil ils sont frappés et détruits par une épée invisible, et disparaissent comme l'eau qui se répand sur la terre, ou comme la fumée qui se répand partout. On prie dans les ténèbres ; elles nous enveloppent tous. Les yeux ne voient pas la nouvelle et étonnante condamnation qui atteint les coupables.
Dieu toujours récompense l'innocent ; il l'aime, le console, et l'admet au divin banquet. Le Seigneur alors fait publier les paroles de sa bénédiction par le moyen des mères, des frères, des parents et des enfants, Aujourd'hui les hommes vivent dans d'horribles anxiétés et sont extrêmement malheureux à cause de leur aveuglement. L’ombre de la lumière ne vous laissera pas de consolation ; vous n'aurez aucune espérance, et il n'y aura pas de salut, ni de rappel à la vie. Vous savez qu'il n'y a d'autre espoir que Dieu seul, et que l'humanité est un de ses attributs ; Dieu ne sauve pas une seule âme comme le feraient la justice et l'équité humaines. Puisque nous oublions Dieu, il nous oubliera de même. La miséricorde et l'humanité de Dieu sont ma seule expérience ; aussi je me soumets avec plaisir à toutes les tribulations qu'il veut m’imposer ; car il nous reprend avec bonté de notre méchante stupidité. Nous nous étonnons encore des étranges jugements de Dieu. Nous nous demandons pourquoi il fait périr le juste avec le scélérat. D'abord il est juste pour les uns comme pour les autres ; il ne peut s'éloigner de son dessein pour tous à cause d'un seul ; il faut en outre que le méchant meure ; nous ne devons donc pas rendre le projet de Dieu inutile, car nous sommes obligés de nous soumettre. De même que les justes et les méchants jouissent également des rayons du soleil, de la pluie et des autres bienfaits, de même ils partagent le breuvage de la punition. Chacun a sa récompense et son châtiment proportionnés à ses actions. Les justes lois du créateur subsistent jusqu'à nous ; elles gouvernent sévèrement tous les hommes, ceux qui les suivent de gré, comme ceux qui les suivent de force ; elles vous gouvernent sévèrement, soit que vous soyez distingués par votre prudence, votre science, vos vertus religieuses, soit que vous soyez remarquables par vos prières et vos actions de grâces. Montrez-vous attachés à celui qui est le consolateur de la faiblesse des cœurs ; soyez toujours fidèles à ses principes ; soyez en amitié et en rapport avec ceux qui suivent la religion chrétienne, qui ont des mœurs pures, qui aiment la vertu, qui professent la foi orthodoxe, et qui ont la crainte de Dieu. Le Seigneur vous a donné un esprit de consolation et l'espérance des biens qui sont dus à un cœur saint ; il vous remplira d'une consolation naturelle. Vous serez épargnés avec le pasteur et tout le troupeau ; on vous fera grâce des peines et des rudes travaux ; vous n'éprouverez pas les tourments qui frappent les méchants dans la vallée de tristesse ; vous serez jugés également en considération des tourments des martyrs de Jésus-Christ, dont les esprits sont tranquilles dans le tabernacle de lumière. On ne peut corrompre ce qu'on doit à leurs écrits, à leurs paroles, à leurs actions et à leurs pensées. Ils nous gardent tous les biens qu'ils nous ont promis, parce qu'ils nous aiment, et cela jusqu'à l'éternité.
