Chapitre CLXIX.
Lorsque nous fûmes parvenus dans cet endroit, j'envoyai un message à Nesr ; je lui écrivis que effrayé de tout ce qui se faisait auprès de lui et de ce qui était fait par d'autres, tourmenté par la crainte de la prison, des fers et d'une mort horrible, et livré enfin à des inquiétudes et à des terreurs qui-se renouvelaient sans cesse, j'allais m'éloigner ; mais que, s'il s'engageait envers moi par un serment redoutable, mes esprits se tranquilliseraient ; que je resterais à la porte de l'église, dans ma maison, et que je bénirais Dieu dans sa sainteté. Alors, ajoutais-je, je serai complètement rassuré, et sans retard je me hâterai de vous envoyer les présents que l'on vous doit comme un tribut. Quand Nesr eut lu cette lettre, il s'empressa de me répondre et de me faire un serment, dont les termes étaient pris dans l'aveugle religion des Arabes ; (je dus m'en contenter ;) car il faut toujours avoir confiance à ce que promettent ces infidèles avec la garantie de leur croyance. Mon esprit étant ainsi libre de beaucoup de craintes, je m'occupai des combats extérieurs et des terreurs intérieures, ainsi que de tous les maux qui étaient dans le corps et de ceux qui se manifestaient à l'extérieur. Je portai mon attention sur ce qui pouvait être bon et utile, et je me hâtai de me fixer dans notre lieu saint, selon la volonté de Dieu.
