Chapitre CXXIII.
Après cela le roi Aschod, fils de roi, se mit en marche, s'avança vers la province de Gougarg, auprès d'un grand fort qui est nommé, en langue géorgienne, Schamschoulde (Schamschoulté),1 c'est-à-dire les trois Flèches, parce que le peuple qui habitait autour de ce fort avait été soumis à la domination du roi Sempad, père d'Aschod, qui avait placé, comme commandants et gardiens de la forteresse de cette contrée, deux frères, Vasag et Aschod, de la race des Genthouniens. Le roi Aschod exigeait d'eux qu'ils fissent acte d'obéissance, et qu'ils vinssent auprès de lui pour remplir avec fidélité leur devoir de sujets. Mais comme il remarqua que les provisions de ses troupes avaient beaucoup diminué et n'étaient plus de bonne qualité, il fut obligé d'envoyer son armée dans la province voisine pour qu'elle s'y procurât les subsistances qui lui étaient nécessaires, et lui-même dut revenir sur ses pas. Il partit emmenant avec son frère Abas (Apas), distingué par sa beauté, deux cent soixante hommes, et il alla s'établir avec tout son monde auprès d'un fort nommé Sagoureth.
Dans ses Mémoires sur l'Arménie, Saint-Martin écrit tantôt Schamschoulde, comme ici, tantôt Schamschouïldé. Cette forteresse, qui s'appelait anciennement Orpeth, était située dans la Géorgie méridionale. Son nom appartient à la langue géorgienne. ↩
