Chapitre LXXX.
Pendant le temps des persécutions, le fils du roi Sempad, Aschod, célèbre et très expérimenté dans tous les genres de combats, courait en beaucoup d'endroits, livrait de fréquents combats, et déployait le plus grand courage. Il allait de tous les côtés, avec les hommes vaillants qui lui avaient consacré leur vie et leurs jours. Déjà, avant la fin du martyre et la mort de son père, tel qu'un aigle aux ailes déployées, qui du haut d'une aire s'élance avec toute la rapidité de son vol, son épée enflammée de colère était descendue sur les étrangers, qui alors étaient répandus partout et couvraient toute la surface de notre pays. Bien plus, dans un très court espace de temps, en un clin d'œil, il s'empara de la totalité des forts qui, précédemment soumis à la souveraineté de son père, avaient été conquis par l'osdigan ; tous les Sarrasins à qui on en avait confié la garde furent moissonnés par le tranchant du glaive ; les fortifications, les remparts et les provisions qui étaient renfermées dans les forts furent détruits. Ensuite Aschod lui-même se mit à la poursuite des ennemis, aussi bien que tous ceux qui le suivaient, montrant un courage intrépide, comme les guerriers qui étaient devant Troie ; avec l'aide de son fidèle frère Abas (Apas) il combattait tous les ennemis qui lui résistaient. Il avait soin de gouverner sagement son esprit, et il invoquait Dieu. Il marcha contre les Arabes qui occupaient la province de Pagravant ; il les donna tous à dévorer à l'épée, et prit leur généra) en chef. Il ordonna de faire une épée et de la fixer aux murs du fort pour qu'on la vit et qu'elle inspirât de la terreur à beaucoup de monde. Après cela, s'avançant dans la province de Schirag, il fondit sur les troupes qui étaient campées dans cette province ; il en passa au fil de l'épée une grande partie, et mille reste en désordre et en fuite. Il se remet alors en marche avec la plus grande célérité, et entre dans le pays de Gougar, où il s'empare de tous les forts et les soumet à sa domination Ensuite, inopinément, et comme s'il sortait d'une embuscade, il tombe sur les Arabes qui étaient à Tiflis, métropole de la Géorgie ; il donne les uns pour pâture à l'épée, et fait prisonniers les autres qui étaient les plus distingués ; il charge ceux-ci de chaînes de fer, les place sous bonne garde dans l'intérieur d'une prison, et les rend ensuite en échange des chrétiens qui avaient été pris par le méchant osdigan. Puis, après avoir ramassé beaucoup de dépouilles et de butin, il alla dans la province de Daschir. Ayant appris que dans le pays d'Aghasdev des troupes arabes étaient cachées, campaient, ou se tenaient dans les forts situés au milieu de vallées profondes, il forme aussitôt un corps de deux cents hommes d'élite, s'avance rapidement contre l’ennemi, lui livre avec vaillance un terrible combat, donne tous les vaincus pour pâture à l'épée, fait un butin considérable et retourne dans son camp ; après quoi il se rend auprès de son meilleur ami, l'ischkhan Gourgen ; ils se trouvèrent mutuellement dans une même disposition d'esprit et de pensées. Enfin il continua sa marche et se porta vers les forts du pays d'Arscharouin (Arscharounik'h). Dès lors les dévastateurs n'osèrent plus entrer dans le pays qui lui était soumis.
