Chapitre IV.
1 Après que les cataractes eurent été ouvertes et que la terre eut été couverte tout entière par les eaux du déluge, Dieu envoya tous les vents, et la navigation de Noé cessa. La première terre qu'il vit fut l'Arménie : il y descendit avec ses fils, leurs femmes, d'autres individus et tous les animaux qu'il avait amenés avec lui. La première chose qu'il fit fut de rendre grâces à Dieu. Sa postérité s'augmenta. Son fils Japhet, chef de notre race, eut un fils qu'il nomma Gomer (Gamir), et qui, de son nom, appela Gomérie (Gamirk'h) le pays où il habita. Japhet engendra ensuite Magog (Magoueg), père des peuples de Magog, des Celtes (Kieghdk'h) et des Galates (Gaghadatsik'h). Il donna ensuite le jour à Madaï (Mata), qui nomma Mark’h le pays où habita sa race. Il eut encore Thubal (Thapiel), qui fut chef de la nation des Thessaliens (Thédagk'h), et Mosoch (Mouesouek'h), qui gouverna l'Illyrie (Liourikia). Le sixième des fils de Japhet fut Thiras (Thiéras), qui régna sur le pays occupé par les Thraces (Thrakatsik’h) ; le septième fut Gidiéim, qui eut les Macédoniens (Makietouénatsik'h). Les fils de Thiras furent Ascénez (Azk'hanaz), père des Sarmates (Sarmadk'h), Riphath (Rip'had), père des Sauromates (Savramadk'h), et Thorgoma (Thorgouem) selon Jérémie (Iéridmia). Thorgoma subjugua la race d'Ascénez et l'appela maison de Thorgoma. Ascénez avait d'abord donné son nom à notre nation à cause de sa qualité d'aîné, comme nous le verrons en son lieu.
Javan (Iavana), qui donna son nom aux Grecs (Iounk'h), eut pour fils Elissa (Ieghischa), duquel descendent les Siciliens (Sikiélatsik'h) et les Athéniens (Athiénatsih’h) ; Tharsis, père des Ibériens (Virk’h) et des Tyrrhéniens (Diourénatsik'h) ; et Chéteim (Kiedieim), père des Romains (Hrhouemaietsik'h). Dans le cours de mon histoire je ne parlerai des autres enfants de Japhet qu'autant que cela sera nécessaire à l'intelligence des faits que je rapporterai. Je m'attacherai seulement à l'histoire de notre race. Je prendrai tout le soin nécessaire pour éclaircir les divers points qui sont obscurs ; enfin je n'épargnerai rien pour en faire un ouvrage digne de vous, contre lequel on ne puisse rien dire quant à l'esprit, au style et au travail.
Le récit de Jean Catholicos et celui de la Vulgate présentent entre eux, quant aux sept fils de Japhet et à la généalogie d'Ascanaz, quelques différences que je vais signaler en mettant les deux versions en regard. Les sept fils de Japhet furent : Selon la Vulgate (Gen. X, 2 ; Paralip. l, 5) Selon Jean Catholicos (ubi supra) Gamer ou Gomer. Gomer. Magog. Magog, Madoï ou Madaï. Madaï. Javan. Thubal. Thubal. Mosoch. Mosoch. Thiras. Thiras. Gidiéim. Dans la Vulgate (Gen. X, 3 ; Paralip. l. 6), Ascanaz ou Ascénez, Riphath et Thorgoma sont fils de Gamer. Selon l'historien arménien (ch. IV, 6, et ch. VI, 7), ils auraient été fils de Thiras. Moïse de Khoren (Hist. armen. I, IV, 12 ; VIII, 24 ; XI, 34 ; éd. fr. Gul. et Georg. Whiston.) ne s'écarte pas moins du texte de la Vulgate en disant, d'après Mar Ibas Cadina, que Gamer, fils de Japhet, eut pour fils Thaglath, ou Thorgoma, et Thiras. Du reste, il ne nomme pas, après Gamer, les six autres fils de Japhet, et il ne fait aucune mention d'Ascanaz. (Cf. Saint-Martin, Mém. I, 253-259.) Ainsi, selon le patriarche Jean, la race d'Ascanaz ou des Arméniens descendrait du sixième fils de Japhet, Thiras, qui est le septième dans la Vulgate ; tandis que, d'après l'Écriture, Gomer, le premier des sept fils de Japhet, fut le père d'Ascanaz. Jean Catholicos dit de plus (ch. IV, 6 ; ch. VI, 7) qu’Ascanaz (Ask'hanaz) fut le père et le roi des Sarmates ; et cette assertion me conduit à faire remarquer que, selon Josèphe (Antiq. judaic. I, 6), Aschanaxus qui est le même qu’Ascanaz, était le père des Aschanaxi, que les Grecs, ajoute-t-il, appellent les Rhegines (Rhiphines). Voyez, au sujet d'Ascanaz, de Thorgoma, de Haïg et des pays qu'eux et leurs descendants occupèrent, les Mémoires cités de Saint-Martin (I, 253-257 et suiv.), et la Chronique géorgienne de Vakhthang. (Klaproth's Reise in den Kaukasus und nach Georgien, II, 64-86 ; —Saint-Martin, Mém, II, 181-186, note II.) ↩
