Chapitre CLIV.
La fortune ne fut pas favorable à Aschod. Après avoir fait toutes ses dispositions pour combattre l'ennemi, il donna lui-même à ses troupes l'ordre d'attaquer ; mais, s'étant inconsidérément jeté dans des défilés étroits et embarrassés, qui conduisaient à un fort, aucun des siens ne put trouver le moyen de sortir de ces défilés : il fut enveloppé et cerné dans la vallée étroite, difficile et remplie de cavernes, qui n'avait d'autre issue que celle par laquelle il y était entré. On se trouva pris là comme dans une prison ; et s'il était impossible de se retirer d'un pareil lieu, on ne pouvait non plus y manger les provisions ou y boire de l'eau, à cause du froid, ni y nourrir la cavalerie. Par un défaut de prudence, l'armée tout entière, ainsi resserrée, se trouva dans l'embarras, le péril et la douleur. Comme les soldats étaient plongés dans le plus grand abattement, ils firent parvenir secrètement des propositions aux ennemis, leur promettant de prendre Aschod, de le charger de fers et de le leur livrer, à condition qu'on ne leur ferait aucun mal et qu'ils pourraient se mettre en route et s'en retourner chacun chez eux. Aschod, instruit de cette démarche, fut saisi d'une grande crainte, et en secret lia à son sort par un serment ceux qui l'approchaient et ses conseillers ; puis il fit préparer de beaux et rapides chevaux, et inopinément, au milieu de la nuit, il s'avança au milieu de l'armée, la traversa, sortit de la vallée, et alla se jeter dans un fort nommé Kak'havak'har, où il arriva sans accident. Quand les ennemis apprirent cela, ils entrèrent dans les défilés qui conduisent à cet endroit pour l'entourer ; ils pillèrent, dévastèrent le pays, et voulaient empêcher qu'aucun des assiégés pût se sauver ; mate plus tard, écoutant la voix de l'humanité, comme il convient à des chrétiens, ils résolurent de né faire périr aucune des personnes qui se trouvaient dans le fort ? Après ce jour, ceux qui le suivirent né furent pas heureux pour les courses d'Aschod, comme le lendemain et le surlendemain. Il me paraît que celé arriva ainsi parce qu'après avoir été pieux on avait laissé l'impureté remplacer la piété : comme le Pharisiens, on eut des désirs superbes, et, en conséquence, on fut condamné et l'on ne vit pas arriver l'heure du salut.
