Chapitre CXLIII.
Lorsque le prudent et puissant roi des Ibériens, Adernersèh, apprit cette nouvelle, il était si fatigué, qu'il laissa là tout ce qui était commencé, c'est-à-dire l'affaire de Gourgen, fils de sa sœur, parce qu'il pouvait toujours la reprendre et la terminer : en conséquence il la remit à un autre temps. Puis s'étant préparé promptement, il se porta de sa personne vers le roi des Arméniens, Aschod, pour s'occuper de l'affaire de l’ischkhan Isaac (Sahak). Au reste, il laissa derrière lui son armée, choisit seulement trois cents hommes qui se mirent rapidement en marche et s'avancèrent dans le pays de Dsorap'hor, et arrivèrent d'abord devant le fort nommé Gaïen (Kaïean) qu'ils enlevèrent à l'ischkhan Isaac. Vasag, prince de Siounie, qu'on l'avait engagé à enlever du palais de son père, était gardé prisonnier dans ce fort, et y avait été enfermé avec des femmes nobles dont on s'était emparé dans d'autres endroits. On laissa une garnison dans Gaïen ; puis on se mit en marche vers un autre fort du voisinage, qui fut pris avec beaucoup de peine, et dont on donna les défenseurs pour pâture à l'épée. Lorsqu'on s'avança, tous les habitants du pays se retirèrent en foule dans les autres forts de la principauté de l'ischkhan. On fit consumer par le feu tout ce qui était dans les champs, qu'on allait moissonner avec la faucille, parce qu'on était près du temps de la moisson ; et ce fut ainsi que se résolut d'elle-même négativement la question de savoir si le roi s'établirait dans cette province.
