Chapitre LXXIII.
Quand il fut près de mourir on le plaça et on l'environna de manière à rendre le public témoin de ses souffrances ; il fut, pour ceux qui approchèrent de lui, le spectacle le plus déplorable et le plus pitoyable qu'ils pussent se rappeler. J’étais alors plongé dans les larmes à cause du cruel prince des bêtes féroces, qui était un véritable anthropophage ; qui était bien plus dangereux que le venin des serpents ; qui était une source de mort ; qui, par sa nature, détruisait avec une puissance surhumaine tout ce qui l'entourait ; qui, dans son amour pour le démon, changeait tout pour l'amour de l'affliction, pour l'amour du mal et le poison de la perdition. On mutila le roi Sempad d'une manière barbare ; on remplit sa bouche de choses horribles ; on portait derrière lui des trompettes et des aiguillons avec lesquels on le tourmentait ; il était dans l'affliction jusque dans la tente de son cœur ; on s'exerçait à le torturer, au point de ne lui laisser que le dernier souffle de sa vie. Il était chargé de chaînes depuis les pieds jusqu'au menton ; tout son corps en était couvert ; il était comme écrasé entre les plateaux d'une presse. Beaucoup de tonneaux étaient placés sur sa tête, et plus de dix hommes, qui tombaient sur lui comme une grêle de pierres, s'efforçaient de le faire périr en l'étranglant avec des machines. Tous ou seulement une partie, tâchaient de prolonger son supplice, et aussitôt qu'ils avaient cessé, d'autres recommençaient aussitôt pour vaincre son courage ; enfin ils lui firent souffrir des tourments et des supplices affreux et incroyables jusqu'au moment où il rendit le dernier soupir.1
L'auteur cité dans la note qui précède dit (ibid.) que Sempad régna 24 ans et mourut en 914. Les tortures au milieu desquelles il expira ont fait donner à ce prince le surnom de Nahadag, c'est-à-dire le Martyr. ↩
