Chapitre CXXIX.
Je me rendis auprès d'eux et m'efforçai, par mes ardentes prières et mes larmes, de faire disparaître l'animadversion et la vite et violente haine que, par de mortelles perfidies, on avait été amené à concevoir contre Aschod, fils de roi. En élevant mes clameurs, je tâchai de détruire au milieu d'eux la méchante semence de la zizanie, afin qu'il ne leur restât aucun levain d'animosité. Aussitôt ils firent entendre des paroles d'obéissance pour montrer le désir qu'ils avaient de vivre en paix ; mais cela ne dura pas longtemps ; ils n'en restèrent pas aux bons procédés, et bientôt ils s'attaquèrent en montrant l'un contre l'autre une méchante haine. Ainsi, de nouveau, ils s'accusaient réciproquement de crime et de perfidie ; et tous deux, ils se poursuivaient. Avec leurs troupes, ils employaient leurs efforts à tout bouleverser, renverser, piller, troubler et détruire dans les contrées soumises à leur propre domination ; ils semblaient prendre à tâche d'anéantir leur grandeur et leur gloire ; ils donnaient aux nations étrangères la richesse du pays, et ils répandaient sur leur chemin les marques de leur pauvreté. C'est ainsi que, pendant l'espace de deux ans, ils se tourmentèrent mutuellement par les incursions qu'ils faisaient l'un chez l'autre. Quant à moi, j'étais triste et digne de compassion ; mon âme était tourmentée ; plusieurs jours j'habitai auprès de ceux qui détestent le salut. J'employai tous mes efforts pour rétablir la paix ; je parlais toujours ; mais eux me résistaient.
