Chapitre CLXXVII.
Il adressa à tous en général d'excellents conseils. Ils fortifièrent leur âme par tout ce qui peut convenir au corps, puis ils combattirent vaillamment pour défendre le troupeau de Jésus-Christ, dans l'espoir de donner à leur postérité l'admirable relief de la béatification, et ils déployèrent le plus grand courage, animés qu'ils étaient de l'esprit du Seigneur. Cependant les ennemis, dont les idées étaient absorbées dans les ténèbres et dans l'obscurité des vengeances, combattirent sept jours sans obtenir aucune supériorité dans les combats ; ils ne purent même arriver jusqu'au pied de l'enceinte de la forteresse. Mais ensuite, un corps de troupes de la garnison ayant entrevu la possibilité d'une espérance de vie et de salut, renia la foi et résolut aussitôt de livrer la place aux infidèles et insolents Arabes. Ceux-ci étaient occupés à prendre leur repas quand ils reçurent cette nouvelle ; elle agita leurs esprits, et ils donnèrent immédiatement un assaut : ils lancèrent des pierres, et enfin quelques-uns des leurs, étant parvenus à monter sur les murailles, se répandirent dans le fort. Ils cachèrent d'abord leur dessein ; mais ensuite ils manifestèrent leur férocité contre les guerriers de la garnison, voulurent, par des violences, les contraindre à apostasier, et les traitèrent de la manière la plus cruelle. Ils commencèrent à les donner tous impitoyablement pour pâture à l'épée ; le sang des fidèles coula bientôt par torrents de tous côtés ; la terre et les murs en furent couverts. Les cadavres s'élevèrent en monceaux immenses, car on les mettait en pile les uns sur les autres.
