Chapitre XL.
A cette époque, le Seigneur visita le pays des Arméniens, protégea tous les habitants dans leurs héritages et leur fit beaucoup de bien. On donna des terres, on planta des vignes, on créa des jardins d'oliviers et d'arbustes, on cultiva les champs en friche qui étaient hors des haies d'épines ; on recueillit des fruits sur des arbres séculaires. Il y eut une excessive abondance d'orge et de blé, lorsque le temps de la moisson fut achevé ; et les caves se trouvèrent remplies de vin après que l'on eut vendangé les vignes. Les montagnes furent dans une grande joie, ainsi que les pasteurs de bœufs et de brebis, à cause de l'immense quantité des pâturages et des troupeaux. Les chefs et les nakharars de notre pays étaient dans une parfaite sécurité et ne craignaient point les dévastations ; aussi mirent-ils tous leurs soins et tout leur zèle à faire construire des églises en pierre dans les déserts, dans les bourgs et dans les champs. Parmi les Arméniens qui furent le plus favorisés, on compte l'ischkhan Grégoire et ses frères Isaac et Vasag ; ils gouvernaient les provinces et les possessions qu'ils tenaient de leurs pères et qui entourent entièrement le lac de Kégam (Giegham). Cette contrée était admirable et remplie d'excellents fruits à cause de sa fertilité. La grâce de Dieu était la source unique de tous ces dons : ils provenaient du zèle avec lequel on servait la maison du Seigneur ; ils coulaient de la source des biens, selon l'expression du prophète et ils répandaient la prospérité dans tout le pays.
